Objets de l’art sans objet
La démarche de « réduction » ou de « dévolution » dans l’art « radical » du 20e siècle est matière à de nouvelles réflexions pour l’artiste Eric Cameron. Les carrés noirs identiques – les peintures « ultimes » – d’Ad Reinhardt, dans les années 1960, puis l’art « conceptuel » de Sol LeWitt ainsi que d’autres pratiques, au début des années 1970, ont conduit à une « dématérialisation de l’objet d’art » (Lucy R. Lippard, 1973). Longtemps associé à l’atelier de lithographie du Nova Scotia College of Art and Design, Eric Cameron expliquera comment ces artistes du « non-objet » concrétisaient leurs idées sous une forme matérielle en collaborant avec des maitres-imprimeurs.
Conférence présentée par la Société des collectionneurs d’estampes de Montréal.
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Biographie
Après avoir étudié la peinture à l’Université de Durham et l’histoire de l’art à l’Institut Courtauld, à Londres, Eric Cameron a enseigné pendant dix ans à l’Université de Leeds avant de s’installer au Canada, en 1969.
Pendant qu’il enseignait à l’Université de Guelph, de 1969 à 1976, le projet des « peintures-processus » entamé en Angleterre a donné lieu à diverses variations sur le mode conceptuel, dont ses œuvres vidéos demeurent le reliquat le plus révélateur. Pendant la même période, ses écrits critiques ont commencé à paraitre dans plusieurs revues canadiennes, britanniques et américaines.
Au Nova Scotia College of Art and Design, à Halifax, où il a enseigné de 1976 à 1987 et dirigé le programme de maitrise en arts visuels, Eric Cameron a entrepris ses « peintures épaisses », qui sont en fait le recouvrement, par des milliers de couches de gesso acrylique – et jusqu’à ce que l’œuvre soit achetée ou que l’artiste soit physiquement incapable de poursuivre sa tâche –, d’objets du quotidien ayant pour lui une certaine signification. Il a poursuivi ce projet après avoir pris le poste de professeur qu’il occupe toujours à l’Université de Calgary, en 1987, avant de passer, à partir de 2009 et jusqu’à ce jour, à ses « peintures trempées ». Ses installations sont habituellement accompagnées d’un commentaire spéculatif, sous forme de livre.
Eric Cameron est l’une des principales figures de l’art conceptuel au Canada, tant comme praticien que comme théoricien, et ses œuvres sont présentes dans les collections de nombreux musées partout au pays. En 2004, il recevait le Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques. Il a été nommé membre de la Société royale du Canada en 2008, et est membre également de l’Académie royale des arts du Canada. Il est représenté par la Trépanier Baer Gallery à Calgary.
Vidéo
Entrevue avec Éric Cameron, réalisée en 1993 lors de la présentation de son exposition au Musée d’art contemporain de Montréal.