Considéré comme l’un des plus purs représentants de l’art minimal, l’artiste américain Carl Andre est connu pour ses sculptures composées de volumes géométriques, fondées sur des principes dimensionnels et mathématiques simples. Fasciné durant sa jeunesse par des pièces massives en acier rouillé qu’il remarque régulièrement près des chantiers navals de Quincy, au Massachusetts, l’artiste privilégie l’usage de matériaux associés à l’industrie de la construction, tels que la brique, le bois et des plaques d’aluminium ou d’acier. Il voyage en France puis en Angleterre, en 1954, où il visite le site préhistorique de Stonehenge. Influencé par cette découverte et notamment par l’art abstrait du peintre américain Frank Stella, avec lequel il partage un atelier à New York vers la fin des années 1950, Andre concentre sa démarche artistique sur la répétition d’éléments modulaires. Au début des années 1960, son matériau de prédilection est le bois. Dans sa série Element, il travaille à partir d’unités interchangeables qu’il assemble en suivant un calcul mathématique, reliant les volumes par pure juxtaposition, sans les « attacher ». La rigueur et la simplicité sont inhérentes au concept sculptural de l’artiste qui lui refuse son intériorité et sa valeur suggestive au profit d’une perception des objets renvoyant à leur propre matérialité. Andre utilise des éléments comme il dispose des mots dans ses poèmes écrits, selon un ordre d’où sont absentes la grammaire et la syntaxe, éliminant de ce fait la phrase et le discours. Il conçoit une structure géométrique élémentaire qui relève du principe de construction, proche de l’architecture. Son œuvre entretient un rapport fondamental avec le sol. En ce sens, ses travaux ont une portée décisive sur l’évolution du land art des années 1970 et constituent une source d’inspiration pour le mouvement conceptuel.

Neubrückwerk Düsseldorf gewidmet, 1976, Carl Andre, Cèdre rouge.
© Carl Andre / VAGA at Artists Rights Society (ARS), New York / SOCAN, Montréal (2022) • Photo : Denis Farley