Montréal, le 5 février 2014 — Le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) démarre l’année en force avec une première québécoise et canadienne : l’exposition Adrian Paci : Vies en transit. Pour initier le public au travail de cet artiste albanais de renom qui vit à Milan depuis 1997, le MAC a réuni des œuvres marquantes qu’il a réalisées depuis la fin des années 1990. Rassemblant des œuvres et des installations vidéographiques de même que des sculptures et des peintures, cette exposition monographique sera à l’affiche au Musée du 6 février au 27 avril 2014. Au même moment, le MAC propose aussi une exploration du collage et de ses multiples déclinaisons créées par des artistes contemporains : Collages : geste et fragments. La présentation de Collages coïncide avec la première montréalaise de l’œuvre vidéographique The Clock de Christian Marclay qui débutera au Musée le 22 février prochain.
Adrian Paci. Vies en transit
Regroupant des œuvres créées depuis la fin des années 1990, l’exposition permet de mesurer la grande humanité dont est empreinte la démarche d’Adrian Paci. Par les tensions qu’il introduit dans ces œuvres – entre réel et imaginaire, sensible et politique, conflictuel et fabuleux –, il aborde avec une sensibilité actuelle les grands thèmes qui ont traversé le temps, comme l’identité, la mémoire, le rituel et la perte. En fabriquant des récits où tout n’est pas dit, il nous invite à nous investir dans son œuvre et à remplir les espaces laissés en blanc.
En parlant de son œuvre, l’artiste a récemment confié au journal Libération « Je crois que chaque œuvre naît dans le désir de bâtir un pont entre ce que vous avez déjà fait et un territoire que vous découvrez. Le corpus d’œuvres d’un artiste est un corps vivant qui a besoin de grandir, de se développer. Monter une exposition comme celle-ci, c’est donc l’occasion de considérer ce corps dans sa complexité et d’essayer de comprendre ses humeurs, ses besoins, ses formes ou ses failles. »
Œuvre qui a fait connaître Paci, Home to Go (2001) est un montage en marbre du corps nu de l’artiste portant sur son dos un toit en tuiles romaines ; emblématique de la démarche de Paci, elle renvoie au déplacement, à l’identité et à l’hybridité. Dans Vajtojca (La pleureuse, 2002), qui montre un rituel de veillée funèbre, Paci fait lui-même l’objet d’une élégie dont les mots puissants et émouvants sont débités par une pleureuse. Dans The Encounter (2011), on se retrouve en Sicile, devant l’église San Bartolomeo où des centaines de gens font la queue pour serrer la main de l’artiste, dans une rencontre particulière entre un individu et la collectivité. L’œuvre vidéo la plus récente de l’artiste réalisée spécialement pour l’exposition, The Column (2013) documente le fascinant périple en mer d’un « navire-usine », parti de Chine avec un bloc de marbre qui sera taillé durant son voyage par cinq artisans chinois et arrivera à destination… sous forme de colonne. L’installation vidéo intitulée Last Gestures (2009) évoque, avec une grande éloquence poétique, les derniers moments d’une future mariée avec sa famille. Cette œuvre a été acquise par le Musée d’art contemporain de Montréal en 2011, grâce au Symposium des collectionneurs, Banque Nationale Gestion privée 1859. Dans Albanian Stories (1997), sa première vidéo, l’artiste a capté sa fillette de trois ans en train de raconter une histoire à ses poupées, comme le font toutes les petites filles, à la différence qu’elle y combine animaux, personnages fictifs et soldats, livrant ainsi un témoignage poignant et inusité sur la guerre et l’exil. Dans ces œuvres et les nombreuses autres présentées, la coïncidence du réel et de la fable donne lieu à un entre-deux qui ouvre sur l’universel.
Né en 1969 à Shkodra, en Albanie, Adrian Paci a quitté l’Europe de l’Est avec sa famille après l’effondrement du régime communiste. Il vit et travaille à Milan. Il a représenté l’Albanie à la Biennale de Venise en 1999 et participé à de nombreuses expositions collectives : au MoMA – PS1, à New York, en 2005; à la Manifesta 3, à Ljubljana, en 2000; à la Tate Modern de Londres, en 2008; au MAXXI – Musée national des arts du XXIe siècle de Rome; ainsi qu’aux Biennales de Lyon et de La Havane, en 2011. Plusieurs musées lui ont consacré des expositions individuelles : le Moderna Museet de Stockholm; le Kunstverein de Hanovre; le Centre d’art contemporain de Tel-Aviv; le Bloomberg Space à Londres; et le Kunsthaus de Zurich.
Adrian Paci : Vies en transit a été coproduite par le Musée d’art contemporain de Montréal, le Jeu de Paume, à Paris, et le PAC – Padiglione d’Arte Contemporanea, à Milan. Elle a bénéficié de l’appui du ministère des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur du Québec, et du ministère des Affaires étrangères de la République française (Consulat général de France à Québec) dans le cadre de la 64e session de la Commission permanente de la coopération franco-québécoise.
Commissariat
Adrian Paci, Marie Fraser, commissaire invitée, et Marta Gili, directrice du Jeu de Paume.
Publication
Cette exposition est accompagnée d’une publication de 184 pages coproduite par le Musée d’art contemporain de Montréal, le Jeu de Paume et le Padiglione d’Arte Contemporanea, Milan. Ce catalogue, au coût de 39,95 $, est disponible à la Boutique du Musée d’art contemporain.
Programmes publics
Rencontre avec l’artiste Adrian Paci et la commissaire invitée Marie Fraser le jeudi 6 février 2014 à 16 h. En anglais. Dans les salles d’exposition.
Collages : geste et fragments
Le collage, plus que tout autre médium artistique, reflète un désir de s’emparer des images du tourbillon quotidien et d’en utiliser le potentiel poétique et critique. Dans le champ visuel de leurs œuvres, les artistes collagistes peuvent intégrer à peu près tout, et c’est par le travail de juxtaposition et de contextualisation qu’ils portent un commentaire sur certains enjeux de l’heure.
L’exposition Collages : geste et fragments rassemble les travaux de huit artistes qui emploient des techniques de collage issues de traditions distinctes et axées sur des objectifs différents. Chutes (2007) du peintre montréalais David Elliott est une toile imposante où des morceaux trouvés, représentés à des échelles incompatibles, produisent une impressionnante image surréaliste. La grande œuvre sur papier de Luanne Martineau intitulée The Lack of It the Dream (2013) est une cascade de motifs combinés et reconnaissables (cristaux et pierres précieuses, ongles postiches, fragments de formes corporelles, statues, perruques) qui crée un champ visuel extrêmement complexe et vibrant. Louis-Philippe Côté confectionne des collages depuis l’adolescence, et les 30 œuvres sur papier qui composent Data, échelonnées de 1996 à 2013, évoquent clairement la tradition du photomontage dadaïste. Tirées de journaux et de magazines, les illustrations qu’il utilise renvoient au bombardement d’images auquel nous sommes soumis au quotidien et à la surabondance de représentations du corps féminin. Prenant la forme d’un collage de cartes postales des années 1930 et 1940 dans 300 cadres pour négatifs sur verre, Character 1: In the Rough, A Short Film (2014) de Hajra Waheed raconte avec éloquence le voyage de découverte d’un homme. Paul Butler propose des collages résolument plus abstraits dans lesquels tout le contenu textuel de la revue d’art contemporain Artforum a été caviardé ; on peut y lire un commentaire sur la valeur des informations véhiculées, au-delà du texte, par les nombreuses pages livrées aux intérêts commerciaux. De plus, son Collage Party Pavilion (v2) (2011), installé à La Rotonde, offre aux visiteurs un lieu où ils pourront créer leurs propres collages. Le film 16 mm Kidnappé (1984-1988) de Thomas Corriveau constitue un condensé des multiples modes d’utilisation des techniques de collage, présentant entre autres des animations, image par image, de collages réalisés à partir de coupures de magazines, ainsi que des montages de photographies et dessins résultant d’une mise en scène. Enfin, la sculpture Prop (2007) de Trevor Mahovsky et Rhonda Wheppler illustre bien la grande et étonnante souplesse du terme « collage ».
Commissariat
Lesley Johnstone, conservatrice au Musée d’art contemporain de Montréal, est la commissaire de l’exposition Collages : geste et fragments.
Programmes publics
Rencontres avec Lesley Johnstone, commissaire de l’exposition Collages : geste et fragments, en compagnie d’artistes figurant dans l’exposition, le mercredi 19 février à 19 h et le vendredi 7 mars à 18 h. En français et en anglais. Dans les salles d’exposition.
Remerciements
Le Musée d’art contemporain de Montréal est une société d’État subventionnée par le ministère de la Culture et des Communications du Québec et il bénéficie de la participation financière du ministère du Patrimoine canadien et du Conseil des arts du Canada. Le Musée les remercie ainsi que Collection Loto-Québec, partenaire principal du Musée. Le MAC remercie son partenaire média La Presse+.
Source et renseignements
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Anne Dongois
T. 514 826-2050
[email protected]