Deux nouvelles expositions au MAC

Montréal, le 26 octobre 2010 — Une commissaire et une artiste invitées ont investigué les réserves du Musée d’art contemporain de Montréal pour présenter chacune un Point de vue sur la Collection. Des 7 600 œuvres, elles ont toutes deux retenu une quarantaine, regroupées dans deux expositions magistrales intitulées Bleu et Actes de présence et présentées du 4 novembre 2010 au 27 mars 2011.

Inaugurée en 2009, Point de vue sur la Collection est une série d’expositions thématiques conçues à partir de la Collection du Musée d’art contemporain de Montréal. Pour les deuxième et troisième présentations de cette série, le Musée a invité une commissaire, Marie-Eve Beaupré, et une artiste, Manon De Pauw, qui posent chacune un regard sur la Collection. Marie-Eve Beaupré s’est penchée sur les artistes qui se sont intéressés à la couleur bleue en regard de considérations perceptuelles, poétiques, culturelles et sociales, tandis que Manon De Pauw met en exergue les notions de geste, de manipulation, de prise de position et de mise en action.

Bleu

En abordant l’étude des œuvres du Musée d’art contemporain, la commissaire Marie-Eve Beaupré a constaté que la Collection comportait une dominante chromatique bleue. Le thème de Bleu s’est ainsi imposé. Elle a donc choisi de procéder à un inventaire des œuvres pour lesquelles le bleu est un paramètre signifiant et structurant, et d’en exposer une sélection. Le concept muséographique de cette exposition s’inspire de la structure formelle de l’œuvre Spica de Rober Racine, installée dans le hall d’entrée du Musée. Cette œuvre, écrit-elle, est une représentation de constellations sur un fond bleu infini, un ciel dans lequel une étoile en éclaire une autre, une structure plastique au sein de laquelle la lumière, la couleur et le langage sont en dialogue.

À l’image d’un nuancier, l’exposition se compose de plus d’une quarantaine d’œuvres et souhaite mettre en lumière des constellations de bleu dans la Collection du Musée, car, tout comme les mots de la langue, les couleurs ne prennent sens que si elles sont incluses dans un système de relations. Bleu compte dévoiler des métamorphoses conceptuelles qui indiquent comment s’est transformée notre expérience de la couleur et comment, au-delà de la seule matérialité de la couleur, cet espace pictural réfère à des intentions multiples. Ainsi, certains artistes ont utilisé le bleu comme lieu métaphorique (Edmund Alleyn, Charles Gagnon, Nan Goldin, Joyce Wieland), d’autres comme expérience contemplative (Michael Flomen, James Turrell, Henri Venne) ou en référence au paysage (Tom Dean, Fernand Leduc, Rita Letendre). Plusieurs ont exploité son pouvoir expressif (Marcelle Ferron, Sam Francis, Claude Gauvreau, Shirley Whiitasalo) ou privilégié des recherches formelles (Josef Albers, David Blatherwick, Lynne Cohen, Denis Juneau, Michael Snow, Jackie Winsor) et des expérimentations plastiques motivées par les propriétés de la couleur (James Brown, Paterson Ewen, Yves Gaucher, Jean McEwen, Guido Molinari).

Marie-Eve Beaupré est doctorante en histoire de l’art à l’UQAM et à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Son sujet porte sur la peinture monochrome canadienne. En tant que commissaire, elle a organisé plusieurs expositions dont Stéphane La Rue. Retracer la peinture, en collaboration avec Louise Déry, au Musée national des beaux-arts du Québec, François Lacasse. Les Déversements au Musée d’art de Joliette, David Spriggs à la Galerie de l’UQAM où elle travaille, contribuant ainsi à l’exposition de David Altmejd au Pavillon canadien de la Biennale de Venise en 2007 et au projet Cloaca N° 5 de Wim Delvoye en 2009.

Actes de présence

« Comment faire résonner dans la durée un art éphémère, un art de la présence ici et maintenant? En tant qu’artistes, quels sont les gestes spécifiques qui tissent notre processus créatif ? Comment ceux-ci sont-ils liés à la pensée et aux discours qui sous-tendent notre démarche ? » Voilà les questions sur lesquelles s’est penchée l’artiste Manon De Pauw.

Cette exposition, de près de quarante œuvres, met plus particulièrement de l’avant les notions de geste, de manipulation, de prise de position et de mise en action. Le corps y prédomine, que ce soit à travers un processus performatif (Marina Abramovic, Gina Pane), un exercice d’autoreprésentation (Michael Snow, Chih-Chien Wang), un dispositif visuel qu’il déclenche ou contrôle (Francis Alÿs, Barbara Probst) ou un ensemble de procédés qui révèlent son action de façon tangible sur la matière ou dans l’image (Eric Cameron, Rober Racine).

Les différentes postures adoptées vont de l’action ludique à la confrontation, du geste furtif et spontané au geste répété pendant plusieurs années. Par le corps ressurgit l’effet d’une présence dans l’œuvre, fût-elle vibrante d’immédiateté ou toute en sourdine. La photographie de Suzy Lake intituléePre-resolutions, Using the Ordinances at Hand, No 12, 1984-1985, cristallise en quelque sorte ce Point de vue par son acte de transformation dans l’œuvre en train de se faire.

La démarche de Manon De Pauw se matérialise sous plusieurs formes : vidéo, installation, photographie et performance. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions et événements tels que la Triennale du MACM (2008) et la 8è Bienal de video y nuevos medios de Santiago 2007 (Chili). On le retrouve dans les collections permanentes du MACM, du MNBAQ et de l’UQAM. Parmi ses expositions individuelles, Manon De Pauw : Intrigues (Galerie de l’UQAM, 2009) de la commissaire Louise Déry, est toujours en circulation au Canada et à l’étranger, et s’accompagne d’un important catalogue monographique. Manon De Pauw collabore à la pièce Là où je vis de la chorégraphe Danièle Desnoyers (Le Carré des Lombes, 2008) et enseigne au programme de photographie de l’Université Concordia. Elle vit et travaille à Montréal.

Rencontre avec les commissaires

Une rencontre avec les commissaires invitées Marie-Eve Beaupré et Manon De Pauw aura lieu le mercredi 3 novembre à 17 h dans les salles mêmes des expositions. Le vernissage suivra à 18 h. Entrée gratuite.