Montréal, le 23 mai 2018 – Le Musée d’art contemporain de Montréal a le grand honneur d’accueillir l’artiste montréalais célébré à travers le monde, Rafael Lozano-Hemmer, à l’occasion de sa plus grande exposition individuelle jamais présentée au Canada et aux États-Unis. L’artiste propose Présence instable, une rétrospective majeure de sa production des dix-huit dernières années qui rassemble un corpus de vingt et une œuvres significatives, dont plusieurs installations immersives à grande échelle. Les œuvres mobilisent notamment la science, la technologie, la politique, la sociologie, la poésie, la musique et l’histoire de l’art, en un riche dialogue avec le public. Du 24 mai au 9 septembre 2018, le Musée d’art contemporain invite le public à vivre une expérience muséale inédite, dans laquelle il est appelé à interagir avec l’exposition pour devenir partie intégrante des œuvres.

Rafael Lozano-Hemmer : Présence instable est co-organisée par le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) et le San Francisco Museum of Modern Art (SFMOMA). L’exposition est co-commissariée par Lesley Johnstone, chef des expositions et de l’éducation au MAC, François LeTourneux, conservateur adjoint au MAC, et Rudolf Frieling, conservateur des arts médiatiques au SFMOMA. Elle voyagera notamment au Museo de Arte Contemporáneo de Monterrey (MARCO), Mexico, en 2019 et au SFMOMA, du 25 avril au 6 septembre 2020.

Rafael Lozano-Hemmer : Présence instable

Fier Montréalais d’origine mexicaine, Rafael Lozano-Hemmer est l’une des figures les plus réputées de la scène internationale des pratiques axées sur la participation et les médias numériques. Son travail jouit d’une importante visibilité à l’international, où il est périodiquement présenté dans les institutions les plus prestigieuses. Depuis les années 1990, l’artiste explore le potentiel performatif de l’interaction et en particulier l’intégration des différentes disciplines artistiques par la technologie, qu’il décrit comme le « langage de notre époque », dont l’usage est devenu « inévitable ».

Un talent, une ambition et une curiosité intellectuelle sans bornes animent la production immense et très variée de Lozano-Hemmer, allant d’installations interactives théâtrales dans des lieux publics à des expériences intimes en galerie. La robotique, la surveillance et les ordinateurs sous-tendent ses réalisations artistiques interdisciplinaires, aussi élégantes que dynamisantes.
– John Zeppetelli, directeur général et conservateur en chef du MAC

Cette dimension participative et technologique de la pratique de Lozano-Hemmer est traversée par la notion de coprésence, et comprend la superposition de données enregistrées et captées en temps réel. Par l’utilisation de microphones, d’algorithmes de reconnaissance faciale, de scanneurs biométriques et de dispositifs de surveillance informatisés, les œuvres interagissent avec les visiteurs de façon parfois ludique ou intime; mais les dispositifs technologiques qui guident cette interaction rappellent souvent des rapports sociaux, économiques et politiques plus déstabilisants.

Montrer la façon dont nous interagissons avec les dispositifs techniques, et rendre visibles leurs mécanismes internes, fait partie des stratégies déployées par les œuvres de Lozano-Hemmer. Tout au long du parcours de l’exposition, cette présence physique des œuvres et leur dimension proprement sculpturale, offrent un important contrepoids à l’argument de la « dématérialisation » numérique.

L’appropriation du dispositif technique par le spectateur lui donne un rôle privilégié dans la construction de l’expérience, mais elle lui rappelle aussi que ce même dispositif appartient à un système social plus vaste dans lequel technique, économie et politique sont entremêlées de façon complexe et souvent problématique.
̶ Lesley Johnstone et François LeTourneux, co-commissaires de l’exposition, MAC

Des œuvres sculpturales activées par la présence des visiteurs

Au-delà des appareils techniques eux-mêmes, l’activation de l’espace par la lumière et l’ombre, le recours aux voix humaines, et la chorégraphie des gestes et des interactions confèrent une matérialité poétique à l’exposition.

Celle-ci débute notamment par Pulse Spiral, 2008, où 300 ampoules et des kilomètres de fil électrique sont configurés pour reproduire par la lumière le battement de cœur des visiteurs du Musée. Magique et évanescente, la spirale de lumière révèle l’indéniable fascination que provoquent non seulement le spectacle du battement de notre propre cœur, mais aussi celui de le voir résonner de concert avec les 299 participants précédents.

Les amateurs de musique seront à la fois ravis et troublés par Sphere Packing: Bach, 2018, nouvelle œuvre de l’artiste présentée pour la toute première fois, et par Sphere Packing: Wagner, 2013. Les deux installations font partie d’une série de dix-sept créations dont chacune aborde la totalité de l’œuvre musicale d’un compositeur, qu’elle rassemble dans une seule sphère à canaux multiples. La sphère en porcelaine vernie de noir consacrée à Wagner (13 cm et 110 canaux) est suspendue au plafond et il faut approcher l’oreille pour entendre les compositions individuelles. Beaucoup plus prolifique, Jean-Sébastien Bach sollicite 1 128 haut-parleurs répartis dans une sphère de trois mètres, dans laquelle les visiteurs peuvent entrer pour s’immerger dans les œuvres complètes du compositeur baroque, qui résonnent simultanément.

Dans Call on Water, 2016, les écrits du célèbre poète mexicain Octavio Paz, oncle de l’artiste, sont recréés au moyen d’une fontaine qui agit comme une machine poétique. Des vaporisateurs matérialisent les mots dans l’air de façon éphémère, sous la forme de panaches de vapeur froide. Contemplative et poétique, l’œuvre souligne la dimension matérielle du langage et rend littéralement les mots respirables, ce qui aurait probablement plu au poète.

Dans un tout autre registre, qui fait davantage appel aux relations de pouvoir et aux dispositifs de surveillance, Zoom Pavilion, 2015, réalisée en collaboration avec l’artiste polonais Krzysztof Wodiczko, est une installation interactive où douze caméras informatisées traquent la présence des participants dans une salle et projettent leurs images sur les murs. Grâce à la reconnaissance faciale, à la soustraction de l’arrière-plan et à des algorithmes d’apprentissage automatique, les caméras enregistrent les relations spatiales que les participants ont entre eux. L’œuvre souligne l’omniprésence des caméras de surveillance, mais l’enjeu ici est surtout leur monitorage de cette réunion publique, qui construit une archive des durées de relation et des distances maintenues entre les visiteurs.

Vicious Circular Breathing, 2013, (photo) est une imposante installation sculpturale interactive qui évoque autant un insolite dispositif scientifique qu’un gigantesque instrument de musique à vent, tel un orgue. Elle est composée d’un ensemble de sacs de papier brun qui se gonflent et se dégonflent à des rythmes correspondant à la respiration humaine, de soufflets motorisés et de valves qui contrôlent ces sacs, et d’une cabine en verre étanche munie d’une chambre de décompression. Les visiteurs sont invités à entrer dans la cabine pour y respirer le même air qu’ont respiré les participants précédents. Amusante et musicale, mais aussi inquiétante et inconfortable, l’œuvre s’accompagne de mises en garde relatives aux risques d’asphyxie, de contagion et de panique. Entre autres interprétations, elle peut être lue comme une allusion aux limites des ressources planétaires, ou encore comme un commentaire sur les vertus prétendument émancipatrices de la culture participative : dans cette œuvre, votre participation rend l’air plus toxique pour les visiteurs qui suivent.

Biographie

Rafael Lozano-Hemmer, né à Mexico en 1967, vit et travaille à Montréal. Il a été le premier artiste à représenter le Mexique à la Biennale de Venise, avec une exposition au Palazzo Van Axel en 2007. Son travail a également été exposé dans les biennales et triennales de Cuenca, La Havane, Istanbul, Kōchi, Liverpool, Melbourne, Montréal, Moscou, La Nouvelle-Orléans, New York, Séoul, Séville, Shanghai, Singapour et Sydney. La production de l’artiste a fait l’objet de présentations monographiques et de performances dans de nombreuses institutions, parmi lesquelles le Museo Universitario Arte Contemporáneo (MUAC) de Mexico (2015), le San Francisco Museum of Modern Art (SFMOMA) (2012), le Museum of Contemporary Art de Sydney (2011), la Manchester Art Gallery (2010), le Guggenheim Museum de New York (2009) et le Barbican Centre de Londres (2008). Ses interventions publiques ont aussi pris la forme de commandes pour des évènements tels que les Célébrations du millénaire à Mexico (1999), les festivités pour l’expansion de l’Union européenne à Dublin (2004), le mémorial pour le massacre étudiant de Tlatelolco (2008), les Jeux olympiques d’hiver de Vancouver (2010) et l’exposition de pré-ouverture du Guggenheim Museum d’Abu Dhabi (2015). Ses œuvres font partie de collections de musées tels que le Museum of Modern Art (New York), le SFMOMA, le Guggenheim Museum (New York) et le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden (Washington) aux États-Unis; le Musée d’art contemporain de Montréal, le Musée des beaux-arts de Montréal, la Art Gallery of Ontario (Toronto), la Vancouver Art Gallery et le Musée national des beaux-arts du Québec (Québec) au Canada; la Tate Modern (Londres), le Science Museum (Londres) et la Manchester Art Gallery au Royaume-Uni; la Colección Jumex (Mexico) et le MUAC (Mexico) au Mexique; le Museum of Old and New Art (Hobart) et la National Gallery of Victoria en Australie; le Zentrum für Kunst und Medientechnologie (Karlsruhe) en Allemagne et plusieurs autres. Il est représenté par les galeries bitforms (New York), Art Bärtschi & Cie (Genève), Max Estrella (Madrid) et FuturePace (représentation internationale).

À signaler

  • Rafael Lozano-Hemmer est récipiendaire du Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques en 2015. En juin 2016, Rafael Lozano-Hemmer est nommé Compagnon des arts et des lettres du Québec par le Conseil des arts et des lettres du Québec.
  • Rafael Lozano-Hemmer a déjà marqué l’histoire du MAC avec deux présentations spectaculaires. En 2011, lors de la Triennale québécoise, il a illuminé le Quartier des spectacles avec Intersection articulée. Architecture relationnelle 18, une œuvre magistrale spécialement conçue pour la place des Festivals. Il a également présenté l’installation Pulse Room, en 2014.
  • Plus tard cette année, Lozano-Hemmer présentera deux œuvres à grande échelle à l’extérieur utilisant un dispositif lumineux interactif, la première transformant le théâtre romain d’Augusta Raurica, à Bâle (Suisse), la seconde connectant les villes d’El Paso et Ciuda Juárez, situées de chaque côté de la frontière américano-mexicaine.

Remerciements

Le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) est une société d’État subventionnée par le ministère de la Culture et des Communications du Québec et il bénéficie de la participation financière du ministère du Patrimoine canadien et du Conseil des arts du Canada.

Dans le cadre de cette exposition, le Musée remercie chaleureusement le San Francisco Museum of Modern Art (SFMOMA), ainsi que les collections suivantes : Tate Modern (Londres), Borusan Contemporary (Istanbul), CIFO (Miami) et Giverny (Montréal).

Le Musée remercie aussi sincèrement La Presse, partenaire présentateur de l’exposition. Enfin, le MAC salue le soutien de Téquilart, partenaire fournisseur, ainsi que de ses partenaires médias, The Gazette et Publicité Sauvage.

Musée d’art contemporain de Montréal

Situé au cœur du Quartier des spectacles, le Musée d’art contemporain de Montréal fait vibrer l’art actuel au centre de la vie montréalaise et québécoise. Lieu vivant, le MAC assure, depuis plus de cinquante ans, la rencontre entre les artistes locaux et internationaux, leurs œuvres et un public toujours plus vaste ; lieu de découvertes, le Musée propose aux visiteurs des expériences sans cesse renouvelées, souvent inattendues et saisissantes. Le MAC présente des expositions temporaires consacrées à des artistes actuels – pertinents et marquants – qui sont des témoins privilégiés de notre société, de même que des expositions d’œuvres puisées dans la riche collection permanente qu’abrite l’institution. Ici, toutes les formes d’expression sont possibles : œuvres numériques et sonores, installations, peintures, sculptures, œuvres immatérielles, et autres. Offrant un éventail d’activités éducatives qui familiarisent le grand public avec l’art contemporain, le MAC est aussi l’instigateur de performances artistiques uniques et d’événements festifs. Voilà une fenêtre ouverte sur mille expressions d’avant-garde qui font rayonner l’art dans la ville et dans le monde. www.macm.org

Source et renseignements

Anne Dongois
T. 514 826-2050
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