Montréal, le 16 octobre 2015 — Pour la rentrée culturelle de l’automne, le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) offre au public la chance de côtoyer les univers exaltants de trois artistes aussi extraordinaires que différents par leurs approches, médiums et thèmes de prédilection. Ainsi, du 17 octobre 2015 au 10 janvier 2016, l’artiste québécois Patrick Bernatchez propose une pratique interdisciplinaire et polymorphe où la métamorphose joue un rôle de premier plan ; l’artiste américaine Dana Schutz surprend par sa réinvention de la peinture, qu’elle fait renaître de ses cendres ; et, dans une installation vidéographique, la Française Camille Henrot propose un condensé kaléidoscopique (de 13 minutes) de l’histoire de l’univers ! Au-delà de leurs différences formelles, ces trois perspectives se rejoignent par un intérêt profond pour la mutation et les cycles. Avec ces expositions, le MAC démontre plus que jamais qu’il est un lieu convivial, ouvert et rassembleur où il est possible de découvrir et d’apprécier sans encombre les propositions artistiques les plus allumées et éclairantes de notre époque.

Patrick Bernatchez : Les Temps inachevés

C’est avec bonheur que le MAC présente, en coproduction avec le Casino Luxembourg, l’exposition Patrick Bernatchez : Les Temps inachevés. L’événement réunit, pour la première fois, des œuvres majeures puisées dans deux cycles représentant une dizaine d’années de conceptualisation, de création, de production et de diffusion : Chrysalides (2006-2013) et Lost in Time (2009-2015). L’exposition est l’occasion de découvrir la pratique d’un artiste, dont « la sensibilité, le sens poétique et l’audacieuse imagination éblouissent », note John Zeppetelli, directeur général et conservateur en chef du MAC. Patrick Bernatchez fait appel à diverses disciplines – du dessin au cinéma et à la vidéo, en passant par le son, la sculpture, l’installation et la photographie – pour transformer le quotidien en matière onirique.

La mutation des formes, des thèmes et des sens est omniprésente dans l’œuvre de Bernatchez. Le titre de l’exposition renvoie à la nature évolutive de sa pratique, où une œuvre n’est jamais tout à fait finie et où chaque exposition n’est qu’un moment d’arrêt provisoire. Comme le dit Bernatchez à propos de sa démarche, « bien des choses émergent tout au long du processus et viennent définir et creuser les contours de l’ensemble ». Ainsi, les œuvres multiformes du cycle Chrysalides gravitent autour de questions de vie et de mort, de lumière et d’obscurité, de décomposition et de renaissance. Amorcé en 2006 avec une série de dessins au graphite et à l’encre, le cycle comprend l’installation sonore Fashion Plaza Nights ainsi qu’une trilogie de films, soit I Feel Cold Today, Chrysalide et 13, qui illustrent les mécanismes internes d’un immeuble industriel, son architecture et ses occupants.

Le temps est le premier leitmotiv de Lost in Time où se côtoient passé, présent et futur, temps vécu, cosmique ou performatif, entre autres dimensions. Ce corpus comprend plus de vingt œuvres – films, vidéos, enregistrements audio, installations sonores, œuvres photographiques et gravées sur miroir, objets sculpturaux – au centre duquel se trouve BW, une montre qui mesure… les millénaires. Dans le film Lost in Time, long métrage achevé pour la présente exposition, le récit d’un cavalier et de son cheval casqués, à la dérive dans un paysage givré, s’entremêle à une étrange expérience scientifique.

Patrick Bernatchez est né en 1972 à Montréal, où il vit et travaille. Après avoir été salué pour ses films I Feel Cold Today et Chrysalide : Empereur, présentés dans le cadre de La Triennale québécoise 2008 au MAC, il a été finaliste pour le Prix artistique Sobey en 2010. Son travail a fait l’objet d’expositions individuelles à la Künstlerhaus Bethanien à Berlin (2010), à la Galerie Bertrand Grimont à Paris (2009 et 2012), à la Galerie West à La Haye (2009 et 2012) et à la Galerie de l’UQAM à Montréal (2011).

Patrick Bernatchez : Les Temps inachevés est une coproduction du Musée d’art contemporain de Montréal et du Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain, en partenariat avec Argos – Centre for Art and Media, Bruxelles, et The Power Plant Contemporary Art Gallery, Toronto.

Commissariat

Les commissaires de l’exposition sont Lesley Johnstone, chef des expositions et de l’éducation au Musée d’art contemporain de Montréal, et Kevin Muhlen, directeur artistique du Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain.

Catalogue

L’exposition est accompagnée d’un ouvrage de 204 pages, abondamment illustré, et publié en coédition avec le Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain, Luxembourg. On retrouve dans cette publication, Cycles et spirales, un article de Lesley Johnstone ; un entretien avec Patrick Bernatchez mené par Kevin Muhlen, ainsi qu’un article de Scott McLeod intitulé Variations sur un thème : le passage inversé de Patrick Bernatchez. Ce catalogue est disponible à la Boutique du MAC au coût de 60 $.

Rencontre avec artiste

Une visite-rencontre de l’exposition Les Temps inachevés aura lieu, avec Patrick Bernatchez et Lesley Johnstone, le jeudi 29 octobre à 19 h.

Dana Schutz : le corps de la peinture

Le MAC est fier d’être la première institution canadienne à consacrer une exposition individuelle à Dana Schutz, véritable coqueluche de la peinture américaine, dont l’art – comme le mentionne le commissaire de l’exposition John Zeppetelli – est un « alliage puissant de figuration et d’abstraction ». Dans l’univers exubérant de cette peintre de réputation internationale, des situations impensables et des actions indicibles s’offrent au regard, pendant que de multiples allusions et constats viennent titiller l’esprit. Même s’il y est question de démembrement, d’auto-dévoration et autres troubles divers, le ton demeure curieusement humain, allant de la dérision à la défiguration proprement dite. L’exposition offre un survol de l’ensemble du travail de Dana Schutz, de ses débuts à sa récente production.

Dans son œuvre, Schutz construit une vision dénaturée des temps présents et de la vie au quotidien. Multipliant les références, notamment au cubisme et à l’expressionisme, son entreprise de déconstruction passe par le corps – ses mutations et ses vulnérabilités. Par exemple, dans How We Would Give Birth, 2007, une femme donne naissance à un enfant tout en appréciant un tableau « sublime ». La série des Face Eater témoigne quant à elle d’une nouvelle espèce capable d’auto-dévoration et de régénération. Dans le drôle et poignant Swimming, Smoking, Crying, de 2009, une femme accablée nage, fume et pleure tout à la fois, alors que Shaking, Cooking, Peeing, de 2009, montre un personnage aux prises avec divers épanchements externes et internes. Schutz est passée maître dans l’art de provoquer, avec éclat, la rencontre du malheur et de la futilité dans ses tableaux. Qu’elles soient victimes ou bourreaux, ses figures ont quelque chose de délirant, et les décors où elles sont campées sont emportés par des vagues de couleurs vives et acides judicieusement appliquées par l’artiste. Elle dira de ses débuts : « Je voulais peindre des sujets qui n’existaient pas ».

Née à Livonia, en banlieue de Detroit, en 1976, Dana Schutz vit et travaille à New York. Elle détient un baccalauréat en beaux-arts du Cleveland Institute of Art et une maîtrise de l’Université Columbia à New York, obtenue en 2002. La même année, sa toute première exposition, intitulée Frank from Observation, la fait remarquer et, depuis, plus de quinze expositions individuelles lui ont été consacrées aux États-Unis et en Europe. Son travail des dix dernières années a exercé un impact marqué sur la peinture contemporaine, et ses œuvres se trouvent dans de nombreuses collections publiques et particulières.

Exposition réalisée avec la collaboration de la galerie Petzel, New York et le généreux soutien de Carlo Bronzini Vender et Tanya Traykovski.

Commissariat

Le directeur général et conservateur en chef du Musée d’art contemporain de Montréal, John Zeppetelli, est le commissaire de l’exposition.

Catalogue

Dans le cadre de cette exposition, le Musée d’art contemporain de Montréal publie Dana Schutz, une publication de 72 pages, illustrée de nombreuses planches couleur. Cette publication regroupe, entre autres, des essais de Benjamin Klein et de Robert Enright intitulés, respectivement, En pensant à Dana Schutz et Faire un tableau, bâtir un vaisseau : Dana Schutz et la construction d’une peinture. Vendue au coût de 22,95 $, ce catalogue est disponible à la Boutique du MAC.

Camille Henrot : les mythes de l’univers

L’artiste française Camille Henrot fait son entrée au Musée d’art contemporain de Montréal en présentant Grosse Fatigue, une fascinante installation vidéo de 13 minutes. C’est lors d’une résidence à la Smithsonian Institution à Washington, D.C., que l’artiste a réalisé cette œuvre vertigineuse. Nourrie de ses recherches dans les riches archives de l’illustre institution, Camille Henrot s’est donné comme défi de raconter l’histoire de l’univers et des espèces. Pour ce faire, elle a combiné divers mythes de la création du monde issus de religions classiques (bouddhiste, chrétienne, hindoue, juive, musulmane) et de traditions orales (Premières Nations, franc-maçonnerie, kabbale), ainsi que des éléments d’histoire scientifique. Présentées comme autant de fenêtres-chapitres qui s’ouvrent et se ferment successivement, les images défilent, accompagnées d’un récit (co-écrit avec le poète Jacob Bromberg) au rythme slam relevé que déclame Akwetey Orraca-Tetteh, en voix off. Anthropologie, science, mythe et spéculation se rencontrent ici pour produire une œuvre haute en couleurs et en savoirs qui nous montre que l’évolution de l’univers se poursuit, encore et toujours.

Présentée lors de l’exposition Il Palazzo Enciclopedico, dans le cadre de la 55e Biennale de Venise, en 2013, Grosse Fatigue a valu à Camille Henrot le Lion d’argent du meilleur jeune artiste.

Née à Paris en 1978, Camille Henrot vit et travaille à New York depuis 2013. Elle est diplômée de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. L’ensemble de ses réalisations – films, dessins, sculptures, collection d’images et d’objets – témoigne de son intérêt pour l’anthropologie, la philosophie, la littérature, la musique et les relations métonymiques. Elle a reçu le prix Nam June Paik 2014, décerné par la Foundation of North Rhine-Westphalia en Allemagne. Son travail a fait l’objet d’une quinzaine d’expositions individuelles aux États-Unis et en Europe, et a été inclus dans de nombreuses expositions collectives, dont la Triennale du Palais de Tokyo, à Paris, en 2012. Elle est représentée dans plusieurs collections publiques et particulières.


Remerciements

Le Musée d’art contemporain de Montréal est une société d’État subventionnée par le ministère de la Culture et des Communications du Québec et il bénéficie de la participation financière du ministère du Patrimoine canadien et du Conseil des arts du Canada. Le Musée les remercie ainsi que Collection Loto-Québec, partenaire principal du Musée. Le MAC remercie également ses partenaires média La Presse et Cogeco.

Source et renseignements

Anne Dongois
T. 514 826-2050
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