L’exposition présente un tout nouveau corpus de l’artiste. Il s’agit de trois installations multimédias et de huit collages qui ont pour point de départ deux figures-clés du début de la modernité, le poète Stéphane Mallarmé (1842-1898) et la danseuse et chorégraphe Loïe Fuller (1862-1928). Mallarmé considérait la danse comme la forme théâtrale de la poésie par excellence. Deux des quatre textes qu’il a écrit sur la danse sont consacrés à Fuller, figure fascinante des débuts de la danse moderne. Ses expérimentations avec l’électricité, l’éclairage, les miroirs et les composants chimiques ont fait dire à Mallarmé que son travail était « une ivresse d’art » et un « accomplissement industriel ».
Dans l’installation Did I Love a Dream?,2008-2009, Davis « enlumine » un extrait de film documentant une chorégraphie de Fuller. À l’aide d’une habile stratégie cinématographique, la projection à rebours, elle défie les lois de la gravité… En cuivre, l’écran suspendu fait référence aux expérimentations de Fuller avec l’électricité et l’éclairage, tandis que le projecteur fait contrepoids à la projection éthérée par sa présence physique devenue sculpturale. Le titre, « Aimai-je un rêve », est extrait du poème de Mallarmé, L’Après-midi d’un faune.
Pour les huit collages d’Euclid/Mallarmé,2008-2009, Christine Davis insère des vers de L’Après-midi d’un faune sur certaines pages d’une édition de 1847 des Éléments d’Euclide. Elle remplace ainsi le texte du mathématicien grec sur l’espace tridimensionnel par un poème écrit à une époque où la géométrie euclidienne n’a plus cours.
Euclid/Orchid, 2008-2009, met en scène une dialectique matérielle et philosophique. Une page tirée des Éléments d’Euclide (2D) est projetée sur une orchidée réelle (3D), superposant l’image d’un espace hors temps et le mouvement très lent de la plante en croissance, opposant intellect et émotion, culture et nature.
Satellite Ballet (for Loïe Fuller), 2008-2009 montre dans une courte boucle les changements technologiques qui se sont déroulés au début des XXe et XXIe siècles, nous faisant passer de l’âge de la reproduction mécanique à celle de la reproduction numérique. Le clip est présenté sur une douzaine de iPod Touch disposés sur les murs suivant les notations chorégraphiques de Nijinski pour L’Après-midi d’un faune.
On retrouve également une œuvre antérieure de Davis, Not I/Pas moi, 2006-2007, récemment acquise par le Musée et présentée dans l’exposition La Collection : quelques installations, jusqu’au 4 octobre 2009, mise en scène par Josée Bélisle, conservatrice et responsable de la Collection. L’œuvre prend la forme d’un écran suspendu recouvert de boutons vintage, flanqué de deux miroirs. Des extraits de textes de Samuel Beckett et de Simone Weil sont projetés en alternance en français et en anglais, à l’endroit et à l’envers, devenant ainsi tour à tour lisibles sur l’écran ou sur les miroirs.
Complémentaires, ces deux présentations permettront au public d’approfondir la connaissance de cette œuvre sensible et envoûtante. Lesley Johnstone, conservatrice au Musée, est la commissaire de l’exposition Christine Davis. Les œuvres ont été créées au Future Cinema Lab de l’Université York à Toronto, où Davis a inauguré le programme d’artiste en résidence.