Geoffrey Farmer est certainement l’une des voix les plus personnelles et déconcertantes de la communauté artistique de Vancouver. Empruntant à l’art conceptuel et à l’installation, l’artiste a recours, selon une esthétique de l’accumulation, à la sculpture, à la vidéo, à la performance, au dessin, à la photographie et à l’objet trouvé. Sur un ton qui allie poésie et commentaire social, Farmer s’intéresse à l’histoire, à la culture populaire, à l’histoire de l’art de même qu’à la mise en exposition, à son pouvoir fictionnel et à sa composante temporelle.

L’exposition regroupe une vingtaine d’œuvres, réalisées au cours des quinze dernières années, certaines inédites, créées pour l’occasion à l’instar de The Idea and the Absence of the Idea, 2008. Farmer a découpé une petite surface du plancher de bois de la salle d’exposition, qu’il a réduite en pulpe et utilisée pour fabriquer un morceau de papier sur lequel est inscrite une citation de Gordon Matta-Clark : « Not the work, the worker ». Farmer reprend ici une stratégie qui lui est chère : définir l’œuvre en fonction du processus dont elle est issue.

On y retrouve également des œuvres clés de la carrière de l’artiste dont Trailer et Entrepreneur Alone Returning Back to Sculptural Form de 2002. Dans la première, Farmer renvoie à l’univers du cinéma pour matérialiser une expérience personnelle intense. En effet, alors qu’il était étudiant en art, il a été témoin d’un accident durant lequel une femme a été frappée et écrasée par une semi-remorque. Dans la seconde, l’artiste a élaboré une œuvre in situ, réinstallée au Musée, dans laquelle il explore la désintégration identitaire dans le monde du travail.

Enfin, une partie importante de la dernière salle est consacrée à la spectaculaire installation The Last Two Million Years, créée en 2007 au Drawing Room, à Londres, et présentée ici sous une forme nouvelle. L’œuvre est constituée de centaines de découpages provenant d’un exemplaire de l’ouvrage éponyme, publié dans les années 1970 par les éditions du Reader’s Digest, qui faisait le pari de résumer l’histoire de l’humanité en un tome. Farmer à son tour redécoupe littéralement l’histoire (et l’encyclopédie !) en une suite de rapprochements libres, mélangeant allègrement les époques, les cultures et les régions. Comme l’écrit Pierre Landry, commissaire de l’exposition, « le résultat est à la fois monumental et fragile, ordonné et chaotique, solennel et humoristique – et merveilleusement poétique ».

Biographie

Né à Eagle Island en Colombie-Britannique, en 1967, Geoffrey Farmer vit et travaille à Vancouver. De ses études au Emily Carr Institute of Art and Design à Vancouver et au San Francisco Art Institute, Farmer développe un intérêt marqué pour les notions de processus et de transformation ainsi que pour la structure narrative. Représenté par la Catriona Jeffries Gallery, à Vancouver, Geoffrey Farmer connaît depuis quelques années une ascension fulgurante. Dans la seule année 2007, il obtient une exposition personnelle au Drawing Room à Londres avec The Last Two Million Years et participe à des expositions collectives, d’abord Remuer ciel et terre dans le cadre de la Biennale de Montréal du CIAC et The World as a Stage à la Tate Modern, de Londres. L’actuelle présentation au Musée d’art contemporain est la plus grande exposition consacrée à l’artiste à ce jour. Avec Geoffrey Farmer, le Musée poursuit la présentation des grandes figures de l’art contemporain canadien, notamment de la scène vancouveroise incluant celles de Stan Douglas en 1996, de Jeff Wall en 1999 et de Rodney Graham en 2006-2007.

Ce que la presse en dit

The Last Two Million Years : le coup d’œil extérieur est sublime, le coup d’œil en détail est extrêmement touchant.
Rafaële Germain, Je l’ai vu à la radio, Radio-Canada

L’œuvre est fascinante et géante.
Marie-Christine Trottier, Desautels, Radio-Canada

Le visiteur a tout avantage à tourner plusieurs fois autour de ses installations pas tant déconcertantes que troublantes.
Mario Cloutier, La Presse

Ailleurs, cependant, de nombreux détails cultivent habilement le malaise et font du parcours même dans l’espace d’exposition une expérience semée de surprises.
Marie-Ève Charron, Le Devoir

Son installation The Last Two Million Years (composée des images découpées et placées sur des piédestaux d’un livre résumant l’histoire de l’humanité) montre son talent, sa capacité à travailler à la limite entre le majestueux et le négligeable, le puissant et le fragile.
Nicolas Mavrikakis, Voir

To be honest, when you first enter the galleries, much of it looks like something a kid might assemble with the contents of a recycling bin and some old clothes and objects. But look a little closer and this work has a wit and depth that tickles the imagination.
Christine Redfern, Mirror

The fragile, chaotic world he makes seems to hang together by a thread, and in that tension lies its charm.
Sarah Milroy, The Globe and Mail


La présentation de l’exposition Geoffrey Farmer est rendue possible grâce au soutien généreux de BMO Groupe financier. « Les arts et la culture ont le pouvoir de transformer notre perception de la vie, des autres et de nous-mêmes. Qu’il s’agisse de la relève ou de Geoffrey Farmer, l’un des artistes contemporains les plus stimulants au Canada, BMO est fier de rendre accessibles au public les propositions de ces artistes », affirme Bernard Letendre, vice-président, BMO Banque privée Harris, Québec. « Nous croyons que notre partenariat avec le Musée d’art contemporain de Montréal contribuera à faire connaître au public québécois l’un des artistes les plus innovateurs du pays. »

Commissarié par : Pierre Landry