Raccords de tuyaux, entonnoirs, fils électriques se métamorphosent sous ses mains en un hallucinant questionnement sur l’ordre et le chaos, la permanence et la fragilité, l’utilité et la gratuité. Le Musée d’art contemporain de Montréal présente l’exposition Jean-Pierre Gauthier du 10 février au 22 avril 2007.
Artiste québécois, présent sur la scène de l’art contemporain depuis le milieu des années 1990, Jean-Pierre Gauthier poursuit une démarche hybride intégrant arts visuels et exploration sonore. Virtuose du quotidien, patenteux de l’art contemporain, entomologiste du son, Gauthier voit, et entend, tout le potentiel sonore et métaphorique de l’objet trouvé. Ses installations cinétiques associent humour et poésie au sein d’une démarche d’une grande rigueur. Ainsi, dans Le Cagibi, un édicule blanc comprend quelques casiers, divers articles et produits nettoyants, un évier sale. Une mécanique active certains éléments, faisant bouger la porte d’un casier, produisant des glouglous dans l’évier. Le mur porte les traces d’une tête et de bras qui l’auraient traversé, les deux bras se prolongeant dans des mains gantées qui se gonflent et se dégonflent!
L’exposition
L’exposition constitue un premier bilan de l’œuvre de l’artiste et regroupe 12 installations majeures réalisées entre 2002 et 2006, certaines remontant même jusqu’à 1997 puisqu’elles sont des « ré-interprétations » d’œuvres antérieures. Le titre des œuvres témoigne avec éloquence de leur double aspect sonore et visuel : Échotriste (2002) ; Le Son de choses – Sémaphores et balais (2003) ; Rut (2004) ; Battements et papillons (2006), œuvre de la Collection du Musée ; Le Cagibi (2006, d’après Le Grand Ménage, de 2000) ; Chants de travail (2006, d’après l’œuvre éponyme de 1997) ; Remue-ménage (2006, d’après l’œuvre éponyme de 2000) ; et la série des Marqueurs d’incertitude (2006) : Cercles probables, La Patineuse, Ressort, L’Araignée et La Coquerelle. Véritables machines à dessin, les Marqueurs d’incertitude sont des installations murales dotées d’un mécanisme, prolongées de mines de plomb, qui s’activent au passage des spectateurs devant des détecteurs de mouvement.
Comme l’explique le conservateur de l’exposition Pierre Landry, les installations de Jean-Pierre Gauthier suscitent une gamme étendue de stimuli visuels, cinétiques et sonores qui entraînent une intensification de l’expérience, allant jusqu’au vertige. « Et c’est là, dans cet étourdissement qui confine parfois à la jubilation, que s’exprime la véritable force du travail de Gauthier : sa douce insolence comme son irrépressible énergie. »
Biographie
Né à Matane en 1965, Jean-Pierre Gauthier vit et travaille à Montréal depuis 1986. Titulaire d’une maîtrise en arts plastiques de l’Université du Québec à Montréal (1995), l’artiste a exposé un peu partout au Québec, au Canada, aux États-Unis et en Europe. Pour les expositions personnelles, mentionnons Uncertainty Markers and Commotion Machines, Art Gallery of Alberta, Edmonton (2006) ; Échotriste/SorrowfulEcho, Musée des beaux-arts de Montréal, présentée dans le cadre de la série Zone Libre (Projet 3) (2002). Pour les expositions collectives, soulignons Electrohype 2006, Lunds Konsthall et Transmediale.06 – Smile Machines, Akademie der Künste, Berlin (2006). En 1997, il exposait au Musée dans De fougue et de passion, consacrée aux artistes montants, et en 1999 dans la grande exposition soulignant le passage du millénaire, Culbutes. Œuvres d’impertinence. Jean-Pierre Gauthier s’est mérité des prix aussi prestigieux que le Victor-Martyn-Lynch-Staunton, en 2005, décerné par le Conseil des Arts du Canada à un artiste à mi-carrière et, en 2004, le Sobey Art Award, la plus haute distinction accordée à un artiste canadien de moins de 40 ans.
Œuvre de la Collection
L’exposition Jean-Pierre Gauthier permet de présenter Battements et papillons (2006), une œuvre spectaculaire récemment acquise par le Musée. Dans cette œuvre, les déplacements des spectateurs activent des détecteurs qui mettent un piano en mouvement.
Cette exposition sera mise en circulation à compter de septembre 2007.
Ce que la presse en dit
« Depuis une dizaine d’années, Jean-Pierre Gauthier fait partie de ceux-là (ceux qui poursuivent sans trêve le rêve de la Modernité échevelée), de ces artistes qui ne sacrifient pas leur inventivité sur l’autel de la décoration. À voir son extraordinaire expo au Musée d’art contemporain, je me suis surpris à faire de louangeuses comparaisons avec des artistes que j’aime beaucoup, dont Gordon Matta-Clark, le déconstructeur de maisons, le démolisseur de notre monde contemporain. » (Nicolas Mavrikakis, Voir)
« Assurément, il est tombé dedans. Dans la marmite electro-mécanique. Où sont amalgamés fils électriques, boulons, minuterie, détecteurs de mouvement, mettant à profit une quincaillerie inimaginable. Ainsi se présente le monde de Jean-Pierre Gauthier, inventeur compulsif d’installations cinétiques à donner le tournis. » (Lyne Crevier, Ici)
« Les visiteurs qui parcouraient l’exposition de Jean-Pierre Gauthier mercredi étaient tout sourire en même temps que perplexes. On cherche à comprendre comment cela fonctionne. Ce qui fait bien plaisir à l’artiste. Il aime étonner. Et disons qu’il réussit parfaitement. » (Jocelyne Lepage, La Presse)
« Walking into the large retrospective of hiswork that opened at the MAC last week, I heard someone comment, « Careful, this exhibition is alive.” Even more engaging than the movement is Gauthier’s ability to play with live sound. It makes me feel as though I have entered the magical world of Dr. Seuss and his fantastical array of noisemakers.” (Christine Redfern, Mirror)
« His exhibition, the largest of the lot, is a long overdue overview of an oeuvre full of intriguingly complex, interactive, kinetic installations celebrating the music of the everyday, which will infuse you with an irrepressive joviality, I promise. » (Isa Tousignant, Hour)