En analysant de plus près la production récente de Dzama, Aux mille tours met en évidence certains de ses thèmes de prédilection — comme la nostalgie, les débuts du modernisme, les rapports entre l’ironie et le cynisme, la politique et la subjectivité — pour développer une compréhension tout autre de sa pratique artistique.
Ses dioramas, vidéos, sculptures, tableaux, collages et dessins de scènes carnavalesques, qui représentent des comportements chorégraphiés violents et érotiques, s’inspirent d’un riche répertoire de références artistiques et littéraires qui couvre un spectre allant de l’illustration de livres pour enfants de l’avant-guerre à Marcel Duchamp, James Joyce ou Dante.
Si les œuvres semblent vaguement (plutôt que précisément) reliées à un ensemble de références, c’est parce qu’elles sont induites par des récits ouverts, chargés de scènes ambivalentes de torture, de danse et de fantasmagorie érotique. Dzama transforme une imagerie en apparence arbitraire et saturée de nostalgie en une espèce de mythologie qui est attirante sur le plan esthétique (les œuvres sont belles), tout en interdisant les lectures trop simplistes. L’artiste amalgame les ingrédients et les transforme en un tout qui va bien au-delà de la somme de ses éléments : un monde imaginaire suspendu entre le présent et le passé, entre le personnel et le mythique, entre le lieu et le « non-lieu ».
Biographie
Né à Winnipeg en 1974, l’artiste multidisciplinaire Marcel Dzama vit à New York depuis 2004. Aux mille tours (Of Many Turns) est sa plus grande exposition solo jamais organisée par un musée.