Considéré comme l’un des plus grands photographes de notre époque, Robert Polidori transcende les limites de la photographie en captant, paradoxalement dans des lieux le plus souvent abandonnés et vides de présence humaine, les traces de la condition humaine. Véritable portrait social, chaque photo livre l’âme de ses occupants successifs, superposant passé et présent dans des photographies poignantes de douleur et de beauté.

L’exposition présente un bilan de son œuvre en cinquante-neuf photographies couleur grands formats, comptant parmi les principales séries réalisées par l’artiste au cours des vingt dernières années, soit entre 1985 et 2007. D’abord Versailles, une série sur laquelle l’artiste travaille depuis 1985, met en lumière les restaurations successives de ce lieu de mémoire collective hautement symbolique, éveillant chez le spectateur une conscience historique. Dans une œuvre comme Velours frappé et l’échelle, l’artiste rend la fuite du temps visible à travers une enfilade d’ouvertures. La série quasi picturale Beyrouth (1994-1996), par le rendu des lignes et des matières et par la douceur des tons, laisse entrevoir des bribes de sa destruction annonçant les visions apocalyptiques des séries qui suivront. La Havane (1997-2000) témoigne de sa double vie urbaine : celle faste et passée, de ses riches demeures coloniales et celle actuelle et délabrée des mêmes lieux. Pripiat et Tchernobyl (2001) fait de nous les témoins de la pire catastrophe nucléaire de l’histoire, survenue en 1986. Tout n’est qu’exil, dévastation et abandon. L’anéantissement est porté à son comble avec  la série La Nouvelle-Orléans (2005-2006) réalisée dans les mois qui ont suivi l’effroyable cyclone Katrina.

À ce corpus s’ajoutent une série consacrée à New York en 1985 et une exploration critique du paysage urbain à travers les immeubles d’Amman en Jordanie (1996) et les rues de Varanasi en Inde (2007).

« Quand je dirige mon appareil vers quelque chose, écrit l’artiste, c’est comme si je posais une question. Et l’image qui en résulte est comme une réponse. » Autant de réponses qui vous questionneront au plus profond de votre être.