Le Musée est littéralement électrisé cet automne par la venue de l’exposition Sympathy for the Devil : art et rock and roll depuis 1967. Le MAC est le seul point de chute au Canada et sur la côte est nord-américaine de cette exposition organisée par le Museum of Contemporary Art de Chicago.
Sympathy for the Devil porte sur l’histoire des liens qui se sont tissés entre l’art d’avant-garde et la musique rock depuis les quarante dernières années. Du travail légendaire d’Andy Warhol avec le groupe The Velvet Underground à New York, en 1967, jusqu’à la réalisation de l’installation magistrale Pinball Wizard et The Byrds (Love in a Void), en 2007, de l’artiste britannique Jim Lambie, Sympathy for the Devil constitue le corpus le plus exhaustif jamais réuni sur l’entrecroisement de ces deux entités culturelles à travers, entre autres, l’art, la conception de pochettes de disques, les clips vidéo et le cinéma. Le titre fait référence à la chanson éponyme des Rolling Stones.
L’exposition réunit plus de 100 œuvres (installations, sculptures, peintures, dessins, vidéos, photographies) réalisées par soixante artistes et collectifs regroupées sous six thèmes correspondant aux scènes musicales de New York, du Royaume-Uni, de l’Europe continentale, de la côte ouest nord-américaine (plus particulièrement Los Angeles), du Midwest américain et du reste du monde.
Parcours d’une exposition
New York
New York a toujours été reconnue comme la plaque tournante de la convergence de l’art et de la musique rock, et ce depuis 1960. Dès la fin des années 1960, The Factory, le studio d’Andy Warhol, était réputé comme important centre de la scène culturelle underground new-yorkaise. Warhol collaborait avec des artistes qui étaient aux antipodes des courants de musique populaire de l’époque et il leur donnait une grande visibilité et la possibilité d’unir le rock et l’art. L’exposition présente les Screen Tests de Warhol, films dans lesquels figurent Lou Reed, Maureen Tucker, John Cale et plusieurs autres. Une décennie plus tard, les mouvements punk, new wave et no wave partagent scènes et galeries avec des artistes en arts visuels souvent eux-mêmes musiciens.
Cette section inclut des œuvres de Rita Ackermann, Robert Longo, Richard Prince, Christian Marclay, Adam Pendleton, Mika Tajima et Jack Pierson. Des photographies de Richard Prince proposent des portraits de figures légendaires du milieu de l’art et de la musique comme Brian Eno, David Byrne, Dee Dee Ramone, Tina Weymouth, Adele Bertei, Kate Pierson, Cindy Wilson et Laurie Anderson. On y retrouve également des œuvres de Richard Kern extraites de la série photographique New York Girls et du film Submit to Me Now. On retrouve avec bonheur l’œuvre Sans titre (1987-2007) de Christian Marclay, constituée de disques 33 tours recouvrant partiellement le sol d’une galerie.
Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, les relations entre l’avant-garde en art et en musique rock ont été créées en partie grâce aux écoles d’art qui soutenaient et encourageaient des échanges extrêmement créatifs. Les artistes du Royaume-Uni incluent Richard Hamilton, Jeremy Deller, Steven Claydon, Scott King et Douglas Gordon. Des archives du collectif Throbbing Gristle sont également présentées. Artiste, DJ et ex-membre du groupe The Boy Hairdressers (devenu Teenage Fanclub), Jim Lambie rend bien l’énergie et l’esprit de la musique rock avec sa spectaculaire installation sculpturale.
Europe continentale
En Europe continentale, les échanges entre les arts visuels et le rock and roll se sont nourris des travaux de l’avant-garde musicale et d’une conscience des effets de la culture industrielle. À cet égard, l’art contemporain allemand des années 1980 et 1990 a été particulièrement dynamique, avec des artistes comme Martin Kippenberger, Kai Althoff et Thomas Zipp. Parmi les autres artistes européens qui figurent dans l’exposition, on retrouve Jutta Koether et Pipilotti Rist.
Côte ouest nord-américaine
Sur la côte ouest, la relation entre l’art et la musique rock ne s’est pas déterminée de façon aussi précise qu’à New York. Elle se caractérise par des approches variées, ayant trouvé leur origine dans une diversité de lieux géographiques. Parmi les œuvres exposées dans cette section, on retrouve des dessins de Raymond Pettibon pour des « flyers » et des pochettes de disques ; l’installation lumineuse de Jason Rhoades intitulée Velvet Underground/Perfect World ; et des œuvres de Mark Flores, Thaddeus Strode, Dave Muller et Mungo Thomson.
Au Canada, l’artiste vancouverois Rodney Graham explore l’installation, la photographie, le film et la musique, cette dernière avec le Rodney Graham Band. L’expo inclut Awakening qu’on a pu voir au Musée lors de l’exposition individuelle consacrée à l’artiste en 2006.
Midwest américain
Chez les artistes du Midwest, on retrouve Ed Paschke, Karl Wirsum (Chicago Imagists), Pedro Bell ainsi que des artistes émergents, également de Chicago, comme Melanie Schiff et Tony Tasset dont les œuvres s’inspirent de la culture rock and roll.
Reste du monde
Des dessins de l’artiste néo-pop japonais Yoshimoto Nara aux dessins sur le thème du rock noir de Daniel Guzmán, en passant par le studio d’enregistrement de l’artiste thaïlandais Rirkrit Tiravanija et les montages grand format du collectif brésilien assume vivid astro focus, plusieurs pays explorent et célèbrent la fusion de l’art et de la musique rock.
Le parcours de l’exposition est ponctué de spectaculaires installations vidéo de Ronald Nameth, Andy Warhol’s Exploding Plastic Inevitable ; Mark Leckey, Fiorucci Made Me Hardcore ; Douglas Gordon, série Bootleg ; Tony Oursler, Sound Digressions in Seven Colors ; Aïda Ruilova, Untitled ; et Slater Bradley, The Year of the Doppelganger. D’autres vidéos sont montrées sur moniteurs : Rock My Religion de Dan Graham et Synesthesia de Tony Oursler. Enfin, un programme vidéo est présenté, incluant des réalisations d’Art & Language et The Red Krayola, Judith Barry, Richard Kern et Sonic Youth, Stephen Parrino, The Residents