Montréal, le 6 février 2013 — Le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) présente en primeur deux expositions de même qu’une création multimédia. Coproduite par le Musée d’art contemporain de Montréal et le Jeu de Paume à Paris, Laurent Grasso. Uraniborg est la première exposition d’envergure de l’artiste au Québec et au Canada, et la plus importante jamais présentée en Amérique du Nord; Faux Indices de Lynne Cohen nous fait découvrir une quarantaine d’œuvres de cette photographe de renommée internationale, dont la majorité appartient à sa production récente. Enfin, dans le cadre de la Série Projections, le film 4 000 Disparos de Jonathas de Andrade est l’occasion de montrer pour la première fois au Canada le travail de cet artiste brésilien. Uraniborg, Faux Indices et 4 000 Disparos seront à l’affiche du 7 février au 28 avril 2013.

Laurent Grasso. Uraniborg

L’exposition Uraniborg propose une incursion unique dans l’espace et le temps, thèmes qui sont au cœur de la démarche de Laurent Grasso. L’histoire de l’observation et son rapport au pouvoir politique joue également un rôle crucial dans son œuvre et sert de point de départ à une réflexion plus vaste sur la vision, le contrôle et la surveillance, tout en ouvrant sur des mondes possibles. Pour la présente exposition, l’artiste a conçu un dispositif qui modifie l’architecture du lieu pour interroger les modalités de la perception.

Ce dispositif fait référence à l’architecture d’Uraniborg, le dernier observatoire où les mesures étaient réalisées à l’œil nu. La dernière œuvre filmique de Laurent Grasso, Uraniborg, 2012 présentée dans l’exposition tire aussi son nom de ce lieu unique. Uraniborg ou « palais d’Uranie », la Muse de l’astronomie, est le nom donné au palais et à l’observatoire de l’astronome danois Tycho Brahé construits sur l’île de Ven en 1576. Financé par le roi Frédéric II du Danemark, Uraniborg était considéré à l’époque comme le plus important observatoire d’Europe. Il ne reste aujourd’hui aucune trace de cette construction de 1576. En effet, après le départ contraint du scientifique de l’île de Ven en 1597, Uraniborg a été détruit par les habitants de l’île.

Conçue comme une œuvre d’art en soi, la transformation des salles du Musée pour Uraniborg fait aussi écho aux constructions panoptiques étudiées par Foucault et déstabilise le spectateur en brouillant ses repères spatio-temporels. Dans cette imposante architecture labyrinthique, le visiteur se trouve entraîné dans un long corridor ponctué de fenêtres où s’offrent à son regard vidéos, peintures, dessins, œuvres en néon, sculptures et artéfacts issus de l’histoire et de la mythologie. Cette disposition particulière crée des mondes parallèles et des espaces d’expérience pour le spectateur, l’incitant à constamment reconfigurer sa position et ses références par rapport aux œuvres qu’il regarde.

L’artiste explique : « L’idée est de construire un point de vue flottant, créant ainsi un décalage avec la réalité. Nous nous déplaçons d’un espace à un autre et c’est également la manière dont nous fabriquons des états de conscience. » Laurent Grasso crée ainsi des architectures vertigineuses dont l’expérimentation donne naissance à des réflexions autour des stratégies panoptiques du pouvoir.

Le travail de Laurent Grasso s’approprie de la vidéo, de la sculpture, de la peinture, du dessin et du dispositif, mêlant sources documentaires, historiques et mythologiques à condition qu’elles contiennent un potentiel esthétique et fictionnel. Parmi les œuvres présentées, on retrouve la série de peintures Studies into the Past.  Ces œuvres – dessins et huiles sur panneau de bois – dont le style et la facture s’inspirent des peintres flamands et italiens des XVe et XVIe siècles, comportent également un élément étranger et anachronique : éclipse, nuage de fumée ou rocher lévitant au-dessus d’un paysage.  En mélangeant ainsi les temps – passé, présent et futur – Laurent Grasso invente des œuvres à la manière d’une archéologie du futur. Cette série joue avec la conception de la réalité à une autre époque et constitue ce que l’artiste nomme une « archive imaginaire ».

Le travail de Laurent Grasso a été largement exposé dans le monde, particulièrement en Europe et aux États-Unis, dans le cadre notamment d’expositions personnelles : au Jeu de Paume (Paris 2012); au Hirshhorn Museum et Sculpture Garden (Washington, USA, 2011); au Bass Museum (Miami 2011); Kunstverein Arnsberg (Arnsberg, Allemagne, 2009); au Centre Georges Pompidou (Paris, France, 2009); au Palais de Tokyo (Paris, France, 2009) ou encore au Saint Louis Art Museum (Saint-Louis, Missouri, États-Unis, 2010).

Le travail de Laurent Grasso a aussi été présenté à l’occasion de biennales comme Gwangju (Corée du Sud 2012) Manifesta 8 (Carthagène/Murcie, Espagne, 2010); Sharjah (Émirats arabes unis, 2009); Moscou (Russie, 2009); ou Busan (Corée, 2004 et 2006).

Lauréat du Prix Marcel Duchamp en 2008, l’artiste a fait l’objet d’une importante monographie, Laurent Grasso: The Black-Body Radiation, publiée en 2009 aux Presses du réel. Cinq autres catalogues personnels ont également été publiés sur son travail.

Né en 1972, Laurent Grasso vit et travaille aujourd’hui entre Paris et New York. Il est représenté par la galerie Sean Kelly à New York, Chez Valentin à Paris et Edouard Malingue à Hong Kong.

Remerciements

Le Musée d’art contemporain de Montréal remercie le Consulat général de France à Québec de son appui financier pour la venue de Laurent Grasso.

Commissariat

L’artiste Laurent Grasso, Marie Fraser, conservatrice en chef et directrice de l’éducation au Musée d’art contemporain de Montréal, et Marta Gili, directrice du Jeu de Paume à Paris, sont commissaires de l’exposition.

Le catalogue

Une publication de 195 pages éditée par Skira Flammarion et réalisée conjointement par le Musée d’art contemporain de Montréal et le Jeu de Paume accompagne l’exposition. Le coût du catalogue est de 46,50 $. Il est disponible à la Boutique du Musée.

Lynne Cohen. Faux Indices

L’exposition Faux Indices présente 40 photographies de l’artiste montréalaise Lynne Cohen, dont la plus grande partie appartient à sa production récente. Reconnue depuis les années 1970 pour ses photographies qui évoquent des maquettes ou des décors mis en scène, l’artiste photographie, à l’aide d’un appareil photo argentique à chambre, des espaces intérieurs « trouvés », toujours vides de leurs occupants, que les titres des œuvres n’identifient pas, le plus souvent, de manière précise. Au fil du temps, des intérieurs et des endroits semi-publics ou publics — tels que patinoires, salles de danse, halls d’hôtels ou clubs pour hommes — ont cédé le pas à des environnements plus complexes et difficiles d’accès, comme des salles de classe, des laboratoires scientifiques ou des installations militaires. Quelle que soit la nature parfois inquiétante des lieux photographiés, l’artiste souligne les effets d’humour, d’artifice et de faux-semblants qui y apparaissent. Lynne Cohen qui, mentionnons-le, ne fait aucune intervention ou retouche dans le lieu qu’elle photographie, explique ainsi sa démarche : « Aucun des endroits que je photographie ne semble exister réellement; mais peu de choses ont l’air vraies lorsqu’on les regarde avec du recul. […] Bien que la manière dont j’aborde le travail photographique vise une certaine neutralité trompeuse, le sujet de cette œuvre n’est pas du tout neutre. »

Après sa présentation à Montréal, l’exposition Faux Indices sera mise en circulation et prendra place sur les scènes nationale et internationale dès janvier 2014.

Née en 1944 à Racine au Wisconsin (États-Unis), Lynne Cohen fait ses études aux Universités du Wisconsin et Eastern Michigan avant de s’installer à Ottawa en 1973, puis à Montréal où elle vit et travaille depuis 2003. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions individuelles et collectives de par le monde et a fait l’objet d’une rétrospective présentée au Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa, en 2002, et au Musée de l’Élysée, à Lausanne (Suisse), en 2003. Lynne Cohen est récipiendaire de nombreuses distinctions dont, entre autres, le Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques, en 2005, et le Scotiabank Photography Award, en 2011.

Commissariat

François LeTourneux, conservateur adjoint, Musée d’art contemporain de Montréal, est commissaire de l’exposition Faux Indices.

Le catalogue

En lien avec cette exposition, le Musée d’art contemporain de Montréal publie Lynne Cohen. Faux Indices, un catalogue de 72 pages. Cette publication comprend 18 œuvres commentées, pour la toute première fois, par l’artiste. La publication vendue au coût de 19,95 $ est disponible à la Boutique du MAC et en librairie.

Jonathas de Andrade

L’artiste brésilien Jonathas de Andrade élabore son œuvre par le biais de recherches et d’investigations. En 2009, lors d’un périple qui l’a mené à travers différents pays de l’Amérique latine, pour son projet Documento Latinamerica – Condução Deriva (Conduite à la dérive – Document Amérique latine), l’artiste a été saisi par le sentiment d’amnésie historique manifeste dans ces pays qui étaient, pourtant, sortis du joug d’oppressantes dictatures depuis peu d’années. C’est dans ce contexte que de Andrade a conçu le projet de film 4 000 Disparos tourné dans les rues de Buenos Aires où il a capté, de façon aléatoire, des visages d’hommes inconnus. Par l’utilisation du noir et blanc, les 4 000 images rappellent des photos d’archives et situent l’œuvre dans un espace flou entre la fiction et le document historique. Né en 1982 à Maceió, Jonathas de Andrade vit et travaille à Recife, une ville côtière du Nord-Est du Brésil.

Commissariat

Louise Simard, commissaire de la Série Projections et responsable des créations multimédias, Musée d’art contemporain de Montréal, est commissaire de la projection 4 000 Disparos.

Autour des expositions Laurent Grasso. Uraniborg et Lynne Cohen. Faux Indices

Rencontre avec les artistes et les commissaires

Une conversation (en français) entre l’artiste Laurent Grasso et le chercheur au CRM de l’Université de Montréal, Stéphane Durand, aura lieu le jeudi 7 février à 17 h 30 dans les salles d’exposition, tandis que l’artiste Lynne Cohen et le commissaire François LeTourneux rencontreront le public le mercredi 13 février à 19 h (en français).

Ateliers de création et visites

Tandems du dimanche 

L’étoilement

Du 8 février au 10 mars 2013

Inspirés du tableau de Laurent Grasso intitulé 1610 III, présenté dans l’exposition Uraniborg, les participants créeront une constellation d’étoiles qui illuminera le Musée !

Pour tous, en famille (4 ans et plus) ou entre amis, tous les dimanches à 13 h 30 ou 14 h 30. Une visite de 30 minutes précède l’atelier. Gratuit à l’achat d’un billet.

L’atelier L’étoilement sera aussi offert le samedi 2 mars de 18 h à 21 h dans le cadre de la Petite Nuit blanche du Musée.

Les visites

Des visites des expositions ont lieu tous les mercredis soir à 17 h, 18 h et 19 h 30 en français et à 18 h 30 en anglais ainsi que les dimanches à 13 h en anglais et à 15 h en français.

Heures d’ouverture du Musée

Le Musée d’art contemporain de Montréal est ouvert du mardi au dimanche, de 11 h à 18 h; les mercredis jusqu’à 21 h, de même que les vendredis 1er mars et 5 avril, pour les Vendredis Nocturnes du MAC qui mettront en vedette Yamantaka//Sonic Titan et Colin Stetson respectivement.


Remerciements

Le Musée d’art contemporain de Montréal est une société d’État subventionnée par le ministère de la Culture et des Communications et il bénéficie de la participation financière du ministère du Patrimoine canadien et du Conseil des arts du Canada. Le Musée les remercie chaleureusement ainsi que Collection Loto-Québec, partenaire principal du Musée.

Source et renseignements

Anne Dongois
T. 514 826-2050
[email protected]