« Nous avons construit un monde d’images idéalisées par-dessus le monde réel et nous y vivons. »   

– Sara Cwynar

 

Commissarié par : Marie-Ève Beaupré

Red Film (2018) est le troisième volet d’une trilogie filmique, avec Soft Film (2016) et Rose Gold (2017), qui questionne comment le désir se manifeste à travers les objets. Portant sur l’économie contemporaine du choix infini et les chaînes de production de la beauté et de la valeur, cette œuvre s’intéresse plus spécifiquement au sujet de la couleur. Elle pose un regard lucide et critique sur les manières dont cette couleur opère politiquement, socialement et historiquement, en particulier en regard de notre définition de la beauté. Les références à la couleur omniprésentes tissent des liens autant avec des objets de consommation, des œuvres d’art, qu’avec le concept de capitalisme au sens large. Une voix masculine ainsi que celle de l’artiste structurent la narration, en se référant aux écrits de personnages historiques et de penseurs critiques contemporains. Leurs observations sur la couleur s’enchaînent et se superposent alors que défile une constellation d’images qui réfèrent aux moyens par lesquels la couleur est utilisée pour réifier les constructions de genre, de race et de classe. Privilégiant un ton philosophique, Red Film critique la pression constante et persuasive du capitalisme en faveur de la conformité et de la consommation, et questionne l’utilisation du nom des artistes les plus célèbres de l’histoire de l’art moderne pour vendre des marchandises.

Dans Red Film, l’accumulation de signifiants, d’images et de citations colligées par l’artiste consolide la complexité de nos rapports au désir dans un monde opulent d’options et de choix, à acheter et à regarder. En incluant des reproductions d’œuvres d’art ainsi que de nombreuses références à des figures masculines de la modernité, dont Cézanne par exemple, force est d’admettre le fait que l’histoire de l’art occidental a participé à la construction de nombreuses valeurs marchandes, en utilisant œuvres et artistes à des fins publicitaires.

Sara Cwynar (née en 1985 à Vancouver) vit et travaille actuellement à Brooklyn. Après des études en littérature anglaise à l’Université de Colombie-Britannique, elle obtient un baccalauréat en design de l’Université York (2010), travaille comme graphiste indépendante pour le New York Times. Elle est titulaire d’un MFA en photographie à l’Université Yale (2016). Depuis sa première exposition individuelle présentée en 2012 à Cooper Cole, Toronto, Sara Cwynar a collaboré à près d’une centaine d’expositions. Parmi les plus récentes, mentionnons Apple Red/Grass Green/Sky Blue, ICA, Los Angeles (2022) ; Glass Life, Foxy Production, New York ; Source, Remai Modern, Saskatoon ; Off the Record, Guggenheim Museum, New York (2021) ; Objects of Desire: Photography and the Language of Advertising, LACMA, Los Angeles (2020) ; Don’t! Photography and the Art of Mistakes, SFMOMA, San Francisco ; Gilded Age, Aldrich Contemporary Art Museum, Ridgefield (2019) ; Image Model Muse, Minneapolis Institute of Art (2018) ; et Soft Film, MMK Museum für Moderne Kunst, Francfort (2017). Ses œuvres font notamment partie des collections permanentes du MoMA, New York ; Guggenheim, New York ; SFMOMA, San Francisco ; MMK Museum für Moderne Kunst, Francfort ; Centre Pompidou, Paris ; Fondazione Prada, Milan ; et Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto. Elle est représentée par Foxy Production, New York, Cooper Cole Gallery, Toronto, et The Approach, Londres.

Transcription en caractères agrandis

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