PLAN CULTUREL NUMÉRIQUE

Si les idées et les initiatives inspirantes ne manquent pas pour déployer et réinventer l’art et la culture, encouragées grâce à la mise en place du Plan culturel numérique du Québec (PCNQ) par le ministère de la Culture et des Communications en 2014, leur réussite réside en partie dans l’organisation et la simplicité de valorisation ou de diffusion des données, des images et des contenus multiformats qui leur sont associées. C’est ici précisément qu’interviennent les grands chantiers de numérisation des collections et de sauvegarde ainsi que de consolidation et de mise à niveau des données liées aux collections, menés par le Musée d’art contemporain de Montréal et aujourd’hui en voie d’achèvement. La gestion du droit d’auteur dans un contexte de diffusion numérique et — faut-il le rappeler — dans une institution vouée à l’art contemporain, s’avère tout aussi fondamentale.

Le Musée s’est de fait doté un peu plus tôt, en 2015, d’une nouvelle Politique générale de gestion du droit d’auteur englobant le numérique.  S’approprier le numérique et l’inscrire avec cohérence dans l’offre et l’écosystème du Musée exigent plus largement un changement de culture qui interroge nos façons de faire et la manière dont elles pourraient être renouvelées. L’élaboration d’une stratégie numérique aura d’ailleurs permis de dégager une conception de l’articulation numérique au sein même du Musée en s’appuyant sur ses grandes fonctions. De toute évidence, penser numérique exige de multiples réflexions en amont et un travail de longue haleine pour en arriver, fort heureusement, à des outils et des expériences numériques enrichissants qui favorisent de surcroît les occasions de dialogue avec nos publics.

Révélatrice des résultats du PCNQ, la concrétisation de l’informatisation et de la numérisation du fonds d’archives de l’artiste Paul-Émile Borduas, figure majeure de l’histoire de l’art québécois et canadien, père du mouvement automatiste et auteur principal du manifeste Refus global, contribuera à sa préservation et à sa mise en valeur.

Le fonds d’archives de l’artiste Paul-Émile Borduas

En 1972, avec l’aide du fonds d’urgence prévu par la Politique nationale des musées [1], les Musées nationaux du Canada se portent acquéreurs d’un important ensemble d’œuvres et de documents personnels du peintre Paul-Émile Borduas. Acquis directement de la famille Borduas, les œuvres (46 peintures, 4 aquarelles, 3 gouaches, 1 fusain et 21 petites encres) et le riche fonds d’archives (4,9m de documents textuels, 886 documents iconographiques, 20 dessins techniques ou d’architecture et 5 objets) doivent, conformément à ses souhaits, être conservés dans une seule collection. Le Musée, par sa vocation et son emplacement — « la ville même où, dans les années quarante, Borduas, l’un des chefs de file du renouveau de la peinture, a joué un rôle de premier plan dans le lancement du mouvement automatiste [2] » —, en deviendra dépositaire en 1973.

Premier fonds d’archives privé à rejoindre la collection du Musée et complément incontournable des 116 œuvres du peintre qui s’y trouvent aujourd’hui, le fonds Paul-Émile Borduas était tout désigné pour lancer un projet de numérisation. La correspondance, les écrits de Borduas, les nombreuses photographies et autres documents composant le fonds ont fait l’objet d’une description à même la base de données sur les collections du Musée développée afin d’y intégrer les fonds d’archives. Ainsi, ce sont 1 697 descriptions, qui pourront être bonifiées au fil des recherches, associées à plus de 1 500 pièces numérisées, qui sont désormais accessibles au personnel du Musée et aux chercheurs et participeront au rayonnement de cet ensemble exceptionnel.

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[1] La Politique nationale  des  musées  «  vise  […]  d’une  part  à conserver  le  patrimoine  national,  d’autre  part  à  rendre  beaucoup  plus  accessibles  à  tous  les  Canadiens  ces  manifestations  de  la  culture  que  sont  les  objets  d’art  dans  toute  leur  variété.»  (« Les Musées nationaux achètent une importante collection d’œuvres de Borduas », communiqué  de  presse  du  Secrétaire  d’État,  25  mai  1972).

[2] Extrait du discours de l’honorable J. Hugh Faulkner, Secrétaire d’État, donné au Musée le 4 octobre 1973.