La collection du Musée d’art contemporain de Montréal s’est récemment enrichie d’une nouvelle acquisition grâce au legs de Mme Paule Poirier, mécène visionnaire qui a offert au Musée un don majeur totalisant plus  de deux millions de dollars et voué à l’achat d’œuvres d’art. Coup de cœur du public lors de son exposition à l’automne 2016,  Michaelerplatz 3, de l’artiste canadienne Shannon Bool, est la première acquisition réalisée grâce à la générosité de Paule Poirier.

Figure canadienne renommée sur la scène internationale, Shannon Bool use de médiums variés tels que le dessin, la peinture, la sculpture et la photographie. Comme en témoigne Michaelerplatz 3, qui intègre la photographie dans le processus de production de la tapisserie, les explorations techniques de l’artiste brouillent les catégories établies. Influencée par l’histoire de l’art, la littérature, la psychologie et les arts décoratifs, celle-ci développe sa production avec un intérêt marqué pour les considérations formelles et en abordant simultanément des enjeux politiques, sociologiques et culturels, notamment d’ordre colonial et postcolonial.

Michaelerplatz 3 est une œuvre textile qui réfère à l’adresse d’un célèbre bâtiment : la Looshaus, construite à Vienne en 1909 par l’architecte moderniste Adolf Loos, reconnu pour son refus radical de l’ornementation. Dans son entrée de marbre, l’artiste a procédé au collage d’un mannequin chromé, et son reflet semble se projeter à l’infini dans les miroirs avoisinants. Ce corps féminin acéphale et dénudé, entouré de surfaces réfléchissantes, peut rappeler le dispositif d’une vitrine en cours de montage. Cependant, son énigmatique présence dans cet environnement opulent génère une tension qui capte le regard.

Le récent travail de Shannon Bool sur la tapisserie est considéré comme un point d’ancrage et une signature représentative de sa pratique actuelle : Michaelerplatz 3 permet d’en saisir toute la rigueur et la portée.