Montréal, le 1er février 2011 — Le Musée d’art contemporain de Montréal présente du 2 février au 22 avril 2012 trois expositions monographiques d’artistes femmes d’une même génération : Ghada Amer, Valérie Blass et Wangechi Mutu. Ces artistes partagent un intérêt pour le corps, la représentation du caractère sexué et hybride des figures humaine et animale, la matérialité et les références à l’histoire de l’art et à la culture populaire. La mise en espace de ces expositions invite les visiteurs à découvrir la démarche singulière de chacune de ces artistes.

Ghada Amer

Artiste multidisciplinaire, Ghada Amer s’est fait connaître pour ses tableaux abstraits, dissimulant et révélant derrière des « dégoulinades » de fils de couleur enchevêtrés, des corps de femmes nus. S’inspirant à la fois des modèles iconiques de l’histoire de l’art et de la culture populaire, ses œuvres traitent de sujets aussi délicats et intimes que le plaisir érotique et l’amour, et proposent une représentation non conformiste des femmes dans l’art. La fascination qu’exerce le travail de Ghada Amer tient dans sa façon d’opposer des codes et des représentations : le féminin et le masculin, l’histoire de l’art et la culture populaire, l’art majeur (peinture abstraite) et l’art mineur (broderie), l’art et l’artisanat, la figuration et l’abstraction.

Il s’agit de la première exposition de l’artiste au Musée et de la première présentation majeure de son travail au Canada. L’exposition comprend plus d’une trentaine d’œuvres incluant douze œuvres sur toile de 1993 à 2011, vingt-deux œuvres sur papier de 2007 à 2010 ainsi qu’une sculpture, intitulée 100 Words of Love (Les 100 noms de l’amour), de 2010. Fondée sur le langage, cette sculpture se présente comme une sphère autour de laquelle s’enroulent poétiquement en écriture cursive et arabe les cent mots dont les Arabes disposent pour parler d’amour : désir, amour fou, amour de l’amour, etc. Les œuvres sur papier, dont plusieurs ont été réalisées avec la complicité de l’artiste Reza Farkhondeh, sont présentées dans un cabinet de dessins, à même le parcours de l’exposition. Cet espace regroupe les tout premiers dessins du « féminin rêvé » inspirés par les contes de fée à la Disney. Enfin une œuvre plus ancienne, Conseils de beauté du mois d’août – vos jambes, votre corps, vos cheveux et vos ongles, de 1993, complète le parcours. Sur quatre mouchoirs, l’artiste retranscrit des consignes de beauté diffusées dans des magazines dits féminins faisant miroiter qu’un corps parfait est à leur portée, pourvu qu’elles suivent les diktats de la mode et de la beauté.

Née au Caire en 1963, Ghada Amer a passé plus de vingt ans en France, avant de s’établir à New York où elle vit et travaille. L’artiste a participé à de nombreuses expositions individuelles et collectives. Mentionnons uniquement l’exposition monographique Ghada Amer: Love Has No End  présentée en 2008 au Brooklyn Museum de New York. En 1997, elle a reçu la bourse de la Fondation Pollock-Krasner et, en 1999, elle s’est mérité le prix UNESCO à la Biennale de Venise.

Le commissariat de cette exposition a été confié à Thérèse St-Gelais, professeure au département d’histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal depuis 2003. Une publication abondamment illustrée de 88 pages accompagne cette exposition. Elle comprend un texte de la commissaire, une liste d’œuvres ainsi qu’une courte biobibliographie de l’artiste. La publication est en vente au coût de 22,95 $.

Valérie Blass

Valérie Blass compte parmi les artistes les plus importantes ayant émergé au Québec au cours des dix dernières années. Elle a contribué à redonner à la sculpture sa place dans l’histoire de l’art contemporain au sein d’une nouvelle génération d’artistes. Sculpteure dans tous les sens du terme, sa pratique consiste à susciter des rencontres entre son propre corps et les objets qu’elle crée, entre une sculpture et une autre, entre la présence physique du « regardeur » et celle des œuvres dans un espace. Blass, de plus, emploie l’éventail complet des techniques de la sculpture – du moulage à la fonte, de la taille au modelage, de l’assemblage au bricolage pour créer d’étranges objets hybrides et explorer les territoires entre les formes animales, humaines et inanimées.

Sa pratique est à la fois enracinée dans la tradition classique de la sculpture, par le recours à la figuration, à la verticalité, à l’échelle humaine, et dans la culture matérielle du XXIe siècle, laquelle se manifeste dans la diversité des matériaux et l’abondance des objets fabriqués, achetés et trouvés.

L’exposition présente un premier bilan du travail de Blass réalisé au cours des quinze dernières années : quelque trente-cinq œuvres, dont pas moins d’une quinzaine d’œuvres inédites, tout droit sorties de l’atelier de l’artiste. La présentation compte également des œuvres de la Collection du Musée : Cargo culte (2011), Femme panier (2010) et Étant donné, le Loris perché sur son socle néo-classique (2008). Femme panier a été récemment acquise par le Musée grâce au Symposium des collectionneurs 2010, Banque Nationale Gestion privée 1859.

Détentrice d’une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal, Valérie Blass est née à Montréal en 1967. Depuis sa participation à la première Triennale québécoise 2008 au MAC où ses œuvres ont été très remarquées, l’intérêt pour son travail et sa démarche ne cessent de croître au Québec, au Canada et à l’international. Elle compte de nombreuses expositions collectives (C’est ce que c’est, Musée des beaux-arts du Canada en 2010, Chimère/Shimmer, Musée national des beaux-arts du Québec, et Nothing to Declare au Power Plant en 2009) et individuelles à Montréal et à travers le Canada (Petit losange laqué veiné, Parisian Laundry en 2011, et Une fois de trop, Museum of Canadian Contemporary Art en 2009). En 2012, Valérie Blass participera à l’exposition Oh, Canada présentée au MASS MoCA.

Lesley Johnstone, conservatrice au Musée, est la commissaire de Valérie Blass. L’exposition est accompagnée d’une publication de 152 pages qui regroupe des essais de la commissaire, Lesley Johnstone et de l’historienne de l’art Amelia Jones, professeure et titulaire de la Grierson Chair in Visual Culture de l’Université McGill, à Montréal. Le catalogue contient également une entrevue avec l’artiste réalisée par Wayne Baerwaldt, directeur/conservateur des expositions à l’Illingworth Kerr Gallery de l’Alberta College of Art + Design (ACAD), une liste d’œuvres et une biobibliographie. Vendue au coût de 29,95 $, la publication a été rendue possible grâce à la participation de l’ACAD et au support financier de la RBC Fondation. L’exposition sera en tournée dès l’été 2012.

Wangechi Mutu

Depuis la fin des années 1990, Wangechi Mutu propose une œuvre engagée portant sur la représentation féminine, sur les questions d’identité et sur la diaspora africaine. Afin de traiter de ces questions l’artiste s’est d’abord tournée vers des études d’anthropologie qui lui semblaient être une voie pour y répondre, avant de réaliser que c’est à travers l’art qu’elle pouvait le mieux l’exprimer. Dans ses dessins et collages, mais aussi dans ses sculptures, assemblages et vidéos, Mutu s’attaque aux stéréotypes de la femme véhiculés dans les magazines de mode et de pornographie, aux inégalités géopolitiques, à la suprématie de l’Occident.

Une vingtaine d’œuvres de l’artiste sont présentées. L’exposition s’articule autour de la magistrale installation Moth Girls (2010), acquise tout récemment par le Musée. Réunissant 246 figurines hybrides, mi-humaines, mi-animales dotées d’ailes en cuir, d’antennes en plume, et de jambes féminines, l’œuvre se présente sous forme de planches d’entomologie référant aux notions de classification et de hiérarchisation des espèces et, par extension, des genres (femme, animal) et des peuples. La configuration de l’œuvre rappelle une salle de classe dans une école africaine. Accrochées directement sur les murs et disposées en rangées, les Moth Girls forment un bestiaire troublant de beauté et de sentiments contradictoires. Moth Girls figure au centre de l’espace d’exposition, complètement transformé pour l’occasion : les murs sont recouverts de feutre et un rideau scintillant invite le visiteur à pénétrer dans une projection vidéo. Une place de choix est également faite à la présentation de collages-dessins mettant en scène les figures féminines noires, altérées, mutantes, qui lui ont valu une reconnaissance internationale.

Wangechi Mutu est née à Nairobi, au Kenya, en 1972. Elle vit et travaille à New York. Mutu a étudié à la Yale University, à la Cooper Union for the Advancement of Arts and Science, où elle a approfondi son intérêt pour l’anthropologie, et au United World College of the Atlantic.

L’artiste s’est surtout fait remarquer en 2009 lors de sa participation à l’exposition collective intitulée Collage: The Unmonumental Picture, présentée au New Museum à New York. Il s’agit de la première exposition de cette artiste au Québec.

Josée Bélisle, conservatrice de la Collection permanente du MAC, est la commissaire de Wangechi Mutu. Un catalogue de 72 pages comprenant un texte de la commissaire, une liste d’œuvres et une courte biobibliographie de l’artiste a été publié pour l’occasion. Le livre est en vente au coût de 22,95 $.


Remerciements

Le Musée d’art contemporain de Montréal est une société d’État subventionnée par le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec et il bénéficie de la participation financière du ministère du Patrimoine canadien et du Conseil des Arts du Canada. Le Musée les remercie chaleureusement ainsi que Collection Loto-Québec, partenaire principal du Musée.

Source et renseignements

Anne Dongois
T. 514 826-2050
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